« Peut-être es-tu ici ? » [Athanasia]

Peut-être es-tu ici ? Qui le saurait ? Seuls les dieux. Si je croise ta route une nouvelle fois, alors nous resterons ensembles à jamais. S'il te plaît dis moi que tu es ici. Dis moi que tu ne veux plus me quitter... Restons ensembles, sans rien ni personne. Je donnerais tout ce que j'ai pour toi. Si seulement les dieux me le permettaient. »
Behemoth à Faarah.

Tout ce qu'on vous dit sur le temps ne sont que de pitoyables mensonges d'ignorants. Le temps n'est pas linéaire, bande de sots. Le passé fait partie de nous, comme le présent et le futur. Mais ça, vous l'ignorerez pour toujours. Soit, alors bienvenue. Regardez le ciel ce matin... Gris, parsemé de nuages foncés et pâles, cachant l'orbe solaire l'esprit de la lumière, emprisonné dans ce voile gris interminable... Un vent frais balayait les environs, qui soufflait comme une douce brise, juste assez pour faire voler les feuilles des arbres et ébouriffer les pelages des loups. Dont un loup en particulier... Ses yeux ambrés se promènent devant lui, il marche lentement, ses pattes se posant sur le sol avec un rythme régulier. Sa queue balançait dans le vide derrière lui, et il marchait l'échine droite, ses poils hérissés par les coups de vent... Son pelage blanc était soulevé, relevé par une odeur perceptible de sang... Mais il aurait été impossible de dire de quel animal ce sang provenait. L'alpha de la Brume revenait d'une source d'eau, où il était allé se rincer le pelage, tâché de gouttes et de longues traces rouges bourgogne... Il était blessé. Oui, le grand Alpha était blessé. Des plaies s'étaient ouvertes sur son dos et ses pattes. À ces endroits, son sang dégoûtait, lentement, sur le sol. Un humain aurait pu facilement le suivre à la trace, mais Behemoth n'en avait cure. Il se foutait même de comment c'était arrivé, toutes ces blessures. Il avançait avec un seul but un tête: trouver Faarah.

Oui, bien sûr que Faarah était morte 3 cycles plus tôt, mais pour lui, le temps est la passé, le présent et le futur. Behemoth pourrait croire qu'un évènement quelconque n'a jamais eu lieu, croire qu'il est dans le futur, ou croire qu'un défunt est toujours vivant. C'est d'ailleurs la raison de sa présence en ces lieux ce matin... Complètement désemparé, le grand loup blanc cherche sa sœur défunte. Son amie, sa confidente, sa Faarah. Oui, on aurait pu croire qu'autrefois, ils étaient plus qu'une fratrie, on les auraient crus jeunes amoureux... C'était le cas. Oui, ne vous alarmez pas, mais Behemoth était amoureux de sa sœur, et elle, de lui. C'est bien sûr du passé, mais Behemoth n'y crois pas. L'Alpha de la meute la plus étrange sur Wolf Territory est la recherche de sa louve. Mais il ne la trouvera jamais. Mais ça, je ne préfères pas que quiconque le lui dise... Vous ne finiriez qu'en saucisse pour son estomac... Ce fut le cas des loups qu'il croisa, au hasard, durant les dernières années. Chacun d'entre eux. Que croyez-vous ? Qu'il laisserait vivre quelqu'un qui le contredise, qui rit de ses ambitions et de son propre être ? Vaut mieux aller vous jetez du haut de la tour, ce sera moins douloureux que la mort qu'il vous réserverait s'il advenait que vous vous jouiez de lui. Behemoth se sentait agressif, irritable, énervé, inquiet, mais ça, c'était de l'extérieur. Il marchait maintenant plus rapidement, presque un petit trot... Sa tête tournait de gauche à droite, il grognait quand il ne voyait rien. Un grand grognement venant du plus profond de son être retentit dans l'air, résonnant à quelques kilomètres, pour sûr. Il courrait maintenant, en une direction inconnue, et tout ce qu'il vit avant longtemps, ce fut un grand bloc de pierre qui semblait avoir été échappé par les dieux dans le gravier d'un grand endroit. Escaladant à la course l'énorme bloc, il en sauta et d'un coup, lorsqu'il atterri au sol, retenu un sursaut. Il se trouvait maintenant dans une sorte de grand endroit avec des grands bâtiments de pierre, de ciment, de béton tout détruits et sales. La mémoire lui revint instantanément: le village fantôme. Cet étrange endroit était un vestige du territoire de la Brume, un vieux village humain abandonné des centaines d'années auparavant, maintenant vide de toute vie, sauf de vipères et de rapaces...

C'était un endroit lugubre et désaffecté qui empestait les ordures, la mort et la fumée. Mais Behemoth s'en foutait. Il devait bien être le seul à aimer cet endroit sombre qui lui procurait le sentiment d'être seul dans le temps, et pourtant, sa perception de celui-ci lui permettait de croire qu'un humain pourrait bien se retrouver devant lui à n'importe quelle seconde, mais il avait toujours été seul, ici. Depuis son retour dans la meute, quelques cycles plus tôt, il avait été médusé par ce petit village et avait toujours voulu y revenir. Mais il oubliait le chemin quelques fois, et c'était toujours par hasard qu'il se retrouvait à nouveau ici. Un sourire presque imperceptible se dessina sur son village, un sourire de satisfaction. Il était heureux, maintenant. Toute inquiétude l'avait quitté et il ne pensait plus à Faarah. Il ne pensait qu'a être seul ici, le temps défilant autour de lui à la vitesse de la lumière... Il avança lentement dans la rue principale, jonchée de déchets décomposés, de cadavres, de vitre éclatée. Ses yeux se promenaient d'un endroit à un autre, et tout ce qu'il était, tout ce qu'il avait été avait disparu à ce moment. Son esprit était vide, emplit comme le silence qui régnait maintenant autour de lui. Une légère brume vint s'installer devant lui, entourant les bâtiments et les rues. L'alpha ferma les yeux lentement, et un petit rire de bonheur lui échappa, cependant trop bref pour être vu ou entendu. Ses crocs saillants se dévoilèrent et il avança.

Que lui réservait ce village, aujourd'hui ?

Alors que je viens à peine de me réveiller, je viens tout juste de quitter ma petite grotte. Je marche assez vite. Je tiens à voir mon père avant de me diriger vers le village fantôme. La route ne fut pas bien longue. Mon lieu de domicile ne se trouve pas bien loin de la grotte où il vivait. Bien vite, j'arrive à destination. Je regarde l'entrée, je reste devant. Plus tard, je vois une ombre s'avancer vers moi. Je baisse la tête. Je reconnais tout de suite mon père. Il me sourit. J'essaye d'en faire de même. Il s'assied, je m'assieds à ces côtés. On regarde ensemble le ciel. On ne se dit presque rien lui et moi. On préfère le silence de la nature à des paroles bruyantes. Nous regardons ensemble ce petit spectacle. C'est ainsi que j'aime mes moments avec lui. Je ne lui pose jamais de questions. Même si au fond, j'aimerais comprendre pourquoi il a fait ça et pourquoi il m'a choisit. Je ne suis pas la seule de la portée et pourtant ... Il m'a tout de suite préféré aux autres. Je n'ai jamais compris. Mais je respecte ce choix et je ne m'en plains pas. Grâce aux entraînements et à l'éducation qu'il m'a donné, j'ai pu accomplis de grande choses dont je lui serais éternellement reconnaissante.

Deux heures plus tard, il est temps pour moi de partir. Je remercie mon père de ce moment d'un bref salue de la tête. Je m'éloigne de lui sans un mot. Je me dirige vers le village fantôme. Pourquoi cet endroit ? Je ne sais pas. Il me ressemble un peu à certains points de vue. Il est calme, lugubre, il peut renfermer des surprises. Après quelques minutes, j'arrive à bon port. L'endroit ferait peur à n'importe quel petit louveteau. Je pénètre dans les lieux. Je regarde à gauche à droite. Je ne fais même pas attention aux restes. J'avance encore et toujours. Puis, je sens une odeur, une odeur similaire à la mienne. J'avance encore sans pour autant me dévoiler. Et là, je le vois malgré la brume qui s'est emparé de l'endroit. Que fais l'Alpha dans cet endroit ? Bien sûr, ce qu'il fait ne me regarde pas, mais ça me surprends de le voir ici. Je pensais qu'il était au camp comme tout Alpha. Je finis par me présenter devant lui. Je ne sors pas les crocs, je le regarde seulement.

« Béhémoth ? Je ne pensais pas vous croisez dans cet endroit ... »

Je le regarde sans rien ajouter de plus. Je souhaite seulement connaître la raison de sa présence dans cet endroit. J'attends patiemment une réponse de sa part.

« Il n'y a pire des rêves brisés tu ne crois pas ? Je rêve de voyager... De voir tout et n'importe quoi. De rencontrer d'autres loups... Tu vois Behemoth, ma vie n'est pas faite pour faire partie d'une meute. Je ne suis pas faite pour ça. Mon esprit rêve de vagabonder partout en ces terres. Et c'est ce que je compte faire... »
Faarah à Behemoth.

Le grand loup à la fourrure blanche soupira pendant que les souvenirs venaient lui frapper l'esprit à la vitesse de la lumière. Il pensait désespérément à sa soeur, même si l'endroit où il se trouvait le forcer à vider son esprit de tout ses problèmes actuels. C'était si difficile pourtant... Autre que de veiller sur sa propre meute, son grand rêve à lui était de revoir sa Faarah et de vivre le reste de sa vie avec elle. Mais c'était impossible, et ça, il ne voulait pas se l'admettre, il ne vivait plus dans le présent, et ce depuis longtemps. Sa vie ne se résumait qu'a croire aux scènes de son passé qui défilaient devant ses yeux comme un rêve éveillé... Continuant sa marche tranquille à travers les ruines, il regardait autour de lui, à la recherche d'un point en hauteur, ou tout simplement un coin chaleureux où il irait bien se coucher. Ses yeux ambrés étaient vides, autant d'émotions que de souvenirs. Sa tête était vide. Pas une seule pensée, pas un seul souvenir. Il avait l'impression de n'être plus rien pendant un temps. Il continuait d'avancer droit devant lui, évitant inconsciemment les obstacles qui s'offraient devant lui. Il escalada une montagne de débris de pierre et de béton, et y resta, pour surveiller les alentours. Ces lieux étaient si faciles d'accès pour les intrus... Et qui dit qu'un Alpha n'a pas le droit de patrouiller lui-même son territoire ? Personne. De toutes façons, sa vie l'ennuyait ces temps-ci... La meute de la Brume n'avait pas vraiment de problèmes à résoudre, juste quelques jeunes à guider dans le droit chemin, des vieillards à pleurer ou encore des nouvelles mères à féliciter... C'était d'un ennui total... Parfois, Behemoth en venait même à se demander s'il n'était pas un peu comme sa soeur, au fond: libre d'esprit, envie de s'éloigner, de vivre seul et libre...

Il s'ébroua pour chasser ces pensées encombrantes, ce n'était pas tellement le moment, ni l'endroit. Behemoth avait été depuis sa naissance un dominant, un loup qui aimait le pouvoir qu'il avait le don d'exercer sur les autres, il aimait le contrôle, l'ordre. C'était un Alpha né, il n'y avait aucun doute là-dessus. Soudain, un bruit attira son attention, derrière lui. Sans se retourner, juste à l'odeur et à l'aide de ses sens, il sut qu'un membre de sa meute était derrière lui. Il n'avait pas bougé, seulement tourné ses oreilles vers l'arrière. Une femelle, il le devinait aux subtiles effluves de son pelage qu'il respirait même à quelques mètres. Elle parle, de sa voix enchanteresse qui avait le don de faire frissonner le grand mâle. Athanasia, sa lieutenante se trouvait derrière lui. Que faisait-elle loin des marécages ? Behemoth pensa qu'elle avait dût remarquer l'absence de son alpha et s'inquiéter pour lui. Ou peut-être se promenait-elle tout simplement ? Du moins, pour le moment, ce qu'il arriva à conclure fut qu'elle était surprise de le voir ici. Cela confirmait qu'elle ne faisait que se promener. Elle pensait être seule ici pour quelques heures ? Et bien lui aussi. Finalement, son envie d'être seul avec son passé se voyait fort bien compromise. Le loup blanc réprima un grondement exaspéré et en soupirant, tourna légèrement la tête, pas complètement cependant pour voir où se trouvait exactement la louve. Mais à sa voix, il en avait une bonne idée.

« Athanasia... »

fit-il la saluant d'un hochement de tête.

Cette louve aussi blanche que lui était la Lieutenante de la meute de la Brume, sa plus fidèle et plus grande personne de confiance. Cependant, l'alpha évitait d'avoir des contacts avec elle. Pas seulement parce qu'être en présence d'une femelle le paralysait, mais parce que la proximité des autres l'effrayait. Oui, assez inhabituel pour un alpha, mais Behemoth n'avait jamais surmonté ce problème. Il était asocial, froid, et savait mal s'y prendre avec les autres pour ce qui était de la conversation. Il avait encore plus de mal avec les femelles, qui lui semblaient toutes fragiles et trop douces pour lui. Mêmes les plus sadiques et effrayantes de la meute du Soleil ne l'impressionnait pas, elle semblaient simplement des pantins menées vers des buts pitoyables et inutiles. Mais n'était-il pas lui-même un grand adorateur de pouvoir ? Pas tant que ça, en y repensant bien. Sa lieutenante était sans aucun doute la seule personne capable de le trouver dans une situation pareille. Cette femelle avait l'inconscient don de provoquer chez Behemoth une certaine gêne, une certaine incommunicabilité physique. Il ne comprenait pas bien pourquoi ses sens le trahissaient ainsi devant elle. Se décidant finalement à parler, sa voix grave se leva.

« J'avais besoin de calme... »

[Up Athanasia ?]

» Jamais je n'oublie ▬ Athanasia.
» Là où il ne faut pas être … [libre]

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